Le Parlement des Enfants est une institution à laquelle je suis très attachée et dont je suis les activités de très près. Il a été créé en 1994 par l’Assemblée Nationale en partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale afin de permettre à des enfants de CM2 de participer au système démocratique français.

Dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté, la démarche rencontre un franc succès et je salue les professeurs des écoles qui décident d’y faire participer leurs classes.

C’est l’occasion pour un député d’aller à la rencontre de ces jeunes. Je prends toujours un réel plaisir à me rendre auprès des élèves ; ces moments sont l’occasion d’échanges passionnants : le regard des enfants est riche d’interrogations et celles-ci sont fort intéressantes et souvent pertinentes. Chaque année, 577 enfants se rendent au Palais Bourbon (après avoir déposé leur candidature à leur service académique) où ils siègent et votent pour les trois propositions de lois qu’ils jugent les plus sérieuses.

Chaque classe choisit donc la proposition qui lui semble la plus judicieuse. Ensuite, en règle générale, celle-ci est reprise par le député de la circonscription et il la dépose en son nom personnel sur le Bureau de l’Assemblée Nationale pour qu’elle soit examinée comme un texte normal.

C’est ainsi que certaines de nos lois de la République sont issues du Parlement des Enfants.

Ce printemps, j’ai participé à la commission qui a examiné la proposition de loi visant à rendre obligatoire dans chaque association sportive la signature par les licenciés d’une Charte du respect de la personne pour combattre les discriminations. En effet, le 17ème Parlement des Enfants a choisi la proposition de la classe de CM1-CM2 de l’école élémentaire Pierre Bonnard à Vernon dans l’Académie de Rouen.

Ces enfants sont partis du constat qu’ils avaient tous des origines très différentes mais qu’ils représentaient bien la société française dans toute sa diversité. À l’école, ile sont tous égaux, mais ils ont constaté tous les jours qu’au dehors, des personnes subissent un traitement différent fondé sur leur sexe, leur couleur de peau… Ce problème est d’autant plus grave dans le sport, car selon la Charte Olympique, « la pratique du sport est un droit de l’Homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte (…) ». Que des personnes n’aient pas accès à un sport ou subissent des violences verbales ou physiques en le pratiquant, à cause de l’une de ces raisons, est révoltant.

Ces discriminations dans le sport, certains élèves en ont déjà subies ou eux-mêmes fait subir. Elles s’installent dès le plus jeune âge, certains adultes donnant d’ailleurs parfois le mauvais exemple : insultes à caractère raciste ou homophobe lors de rencontres sportives, mais également discriminations envers les femmes dans certains sports. Le sport étant largement médiatisé, de tels comportements ne font qu’exacerber un sentiment de haine face à la différence et ancrer dans les mentalités ces comportements par leur banalisation. Le sport, à travers ses valeurs universelles de respect des règles communes, de coopération dans les équipes, de respect de l’adversaire, de dignité dans la victoire comme dans la défaite, se doit de lutter activement contre ces discriminations, en premier lieu parmi ses pratiquants.

Suite aux débats du Parlement des Enfants et de leur vote, nous avons donc proposé une loi visant à faire signer dans chaque association sportive une Charte du Respect de la Personne à tous ses nouveaux licenciés, qui définit les principes de respect de chacun avec ses différences, de lutte contre les discriminations sexuelles ou raciales, ainsi que les sanctions prévues pour le licencié en cas de non-respect de la Charte. À l’heure qu’il est, cette loi a été validée et se trouve en attente de figurer à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale.