Le cinéaste Milos Forman, disparu récemment  rappelait que « la liberté de la presse est la pierre angulaire de la démocratie ». Force est de constater que dans les pays où la liberté rédactionnelle n'est plus protégée, la démocratie et l’État de droit sont souvent en danger. Mais cette liberté suppose que les informations publiées soient fiables, que le journaliste prenne le temps de vérifier et de comparer ses sources. Cette liberté suppose que l'indépendance des medias soit réelle. Cette liberté est de fait une responsabilité pour les médias vis à vis du public, vis à vis de la démocratie.

Dans le nouveau système de l'espace public, basé sur l'instantané, l'immédiateté, les informations fausses circulent plus vite que les vraies. Ce contexte lié au développement des réseaux sociaux et des médias en ligne a favorisé l'explosion du phénomène de fake news.

Face à cela nous ne pouvons que saluer  l'initiative de Reporters sans frontières et de l'agence France Presse entre autres, de lancer le 3 avril un dispositif d'autorégulation des medias « Journalism trust initiative » (JTI). L'idée est de favoriser ceux qui respectent de vrais processus de production journalistique, qu'il s'agisse de déontologie, de transparence ou d'indépendance des medias. Loin  de restreindre la liberté, la mise en place d'indicateurs sur le sérieux journalistique des médias  permettra, comme l'a souligné RSF,  de favoriser l'intégrité du débat public et de garantir un pluralisme large.

Ce pluralisme doit induire aussi une pluralité étendue des sujets traités. Le développement des chaînes d'informations en continue contribue à limiter les informations transmises au public. Une sélection de sujets s'impose à tous, certains medias en ligne se contentant de reprendre l'information transmise par des fournisseurs de contenus, sans aucun contrôle. Au delà du problème déontologique , ce phénomène peut dans certaines périodes sensibles, par exemple préélectorale, constituer une atteinte au système démocratique.

Les sujets proposés à l'opinion publique sont-ils choisis par des médias transparents et indépendants ? Cette question de l'indépendance est fondamentale. La pluralité des médias ne signifie pas toujours pluralisme des idées. Le modèle économique développé dans certains États avec des groupes financiers, parfois liés au pouvoir,  contrôlant la quasi totalité des médias notamment audiovisuels doit nous interpeller.

D'autant que cette restriction des sujets se conjugue avec l'apparition des fake news. Comment le citoyen peut-il juger de ce qui est une information, de ce qui est une rumeur ? A ce titre l'initiative JTI  me semble fondamentale pour soutenir une citoyenneté informée et formée aux médias. Il est d'ailleurs intéressant de noter que dans certaines villes de France se développent, à l'initiative de journalistes de médias publics, des séances de discussions et de réflexion sur des sujets d'actualité et leur traitement par les médias destinées aux jeunes . Une génération, dont le seul accès à l'information se fait via les réseaux sociaux.

En conclusion je voudrais rappeler qu'on tue des journalistes au cœur même de l'Union européenne pour faire taire la vérité. Grâce au site Forbidden stories, les enquêtes continuent car des journalistes prennent leurs responsabilités pour que  la liberté d'informer et la démocratie survivent aux assassinats.