Débat réseaux éducatifs et culturels des communautés à l'étranger

Ce débat revêt dans le contexte actuel une importance particulière. En effet, des destructions de Palmyre aux conflits qui touchent l’Europe, lorsque la culture de l’autre est montrée du doigt ou pire, anéantie, la démocratie est toujours en danger.

Ainsi, n’oublions pas qu’en Ukraine, l’interdiction de  l’usage des langues minoritaires a provoqué des réactions des communautés concernées dont nous connaissons tous les conséquences. Je crois qu’un travail avec les réseaux culturels des communautés russophones mais aussi de langue polonaise ou hongroise à l’ouest de l’Ukraine, permettrait de recréer un dialogue, une « passerelle » pour reprendre les termes de mon collègue Pierre-Yves Le Borgn’ et d’éviter d’autres ruptures. Il ne s’agit pas de favoriser telle ou telle culture mais de préserver la culture d’origine et de respecter celle du pays d’accueil.

Car je reste persuadée que la démocratie n’est possible que si les citoyens sont capables de s’ouvrir à la culture des autres. L’anthropologue Margaret Mead disait « La connaissance d'une autre culture devrait accroître notre capacité à évaluer plus précisément, à apprécier plus tendrement la nôtre ». Tous ceux qui ont pu faire l’expérience de vivre à l’étranger ont pu constater combien cela était vrai.

Dans ce cadre, les diasporas et leurs réseaux culturels ou associatifs ont un rôle à jouer pour préserver le lien avec la culture d’origine et permettre aussi une meilleure ouverture à la culture du pays d’accueil. Cela s’appelle l’intégration.

Garder le lien avec sa culture d’origine ne peut se traduire par une absence totale de lien avec la langue, la culture du pays d’accueil. C’est pour cela que par exemple tous les accompagnements ou systèmes de parrainage mis en place par des femmes de la communauté d’origine qui sont bilingues sont un atout pour la démocratie.

Garder le lien avec sa culture d’origine ne doit en aucun cas se traduire par un rejet de la culture de l’autre, même lorsque l’histoire partagée a pu être difficile, même quand l’intégration a pu être compliquée. Des initiatives comme le musée de l’histoire de l’immigration en France permettent à chacun de retrouver son histoire, le parcours de ses ancêtres et nos valeurs communes.

La culture ne peut être un vecteur de démocratie que si elle est accessible à tous, partout. Je voudrais citer l’exemple du schéma départemental de lectures publiques en France, qui permet de trouver des alternatives dans les zones rurales où il n’y a pas de médiathèques. Les habitants peuvent ainsi avoir accès aux chefs-d’œuvre de la littérature française mais aussi étrangère. Goethe ou Pouchkine, Tahar Ben Jelloun ou Orham Pamuk sont autant de portes ouvertes sur la culture de l’autre.